Une grossesse en bonne santé? Parlez-en à votre pharmacien

Une grossesse en bonne santé? Parlez-en à votre pharmacien

Publié le 23/05/2021

Vous êtes enceinte, souhaitez avoir un enfant, ou êtes maman depuis peu? Félicitations, c'est un moment inoubliable de votre vie! C'est aussi une période où votre santé et celle de votre bébé sont essentielles. Vous pouvez compter sur une équipe de spécialistes, dont votre médecin, votre gynécologue, votre sage-femme et… votre pharmacien(ne)! Il/Elle s'assurera que les médicaments et produits de santé que vous utilisez ne présentent pas de risque pour votre grossesse ou si vous allaitez. Il/Elle vous donnera aussi toutes les infos nécessaires sur l'automédication (par ex. pour les petits maux désagréables de la grossesse), un mode de vie sain et les signaux d'alerte pour lesquels vous devriez consulter votre médecin ou votre gynécologue. Découvrez dans ce dossier l'accompagnement dont vous pouvez bénéficier en pharmacie.

Tout au long de votre grossesse (de la conception à un éventuel allaitement), votre pharmacien(ne) veille à vous donner toutes les informations "santé" importantes. En particulier, si vous prenez déjà des médicaments, il/elle et votre médecin feront tout leur possible pour que votre grossesse se déroule en toute sécurité, tant pour vous que pour votre bébé. Que peut faire votre pharmacien(ne) pour vous? Il/Elle veillera particulièrement à vous informer sur ces points:

 

 

1. L'importance de l'acide folique


L'acide folique ou vitamine B9 est une vitamine essentielle pour le développement de l'embryon. Elle diminue le risque d'anomalies de fermeture du tube neural, responsables de malformations congénitales telles que le spina bifida. L'apport d'acide folique via l'alimentation est insuffisant. Un complément est donc nécessaire, avec une dose quotidienne recommandée de 0,4 mg, à prendre dès le désir d'enfant et pendant les 3 premiers mois de la grossesse.

 
2. Vaccination et anticorps


Pendant la grossesse, vous êtes moins résistante aux infections. Logique, votre corps met déjà tout en œuvre pour le développement de votre bébé! Comme certains vaccins ne sont pas recommandés pendant la grossesse (par ex. contre l'hépatite  B, la rougeole, la varicelle…), il est préférable que votre médecin vérifie votre statut vaccinal dès votre désir d'enfant. Certaines vaccinations nécessitent en effet de patienter au moins un mois avant de pouvoir être enceinte. Votre médecin vous donnera toutes les informations à ce sujet.

En revanche, deux vaccins sont importants pendant votre grossesse car ils vous protègent contre la grippe et la coqueluche. La vaccination contre la grippe est sûre à tout moment de la grossesse. Elle vous évitera des complications qui pourraient avoir de graves conséquences pour votre bébé: naissance prématurée, faible poids de naissance, mortalité périnatale... Les conséquences de la coqueluche peuvent aussi être fatales. La vaccination vous protège, vous et votre bébé!

Faites-vous vacciner! La coqueluche est une maladie très contagieuse causée par une bactérie qui se transmet par voie aérienne. Eprouvante, elle peut durer longtemps (jusqu'à 2 mois) et se caractérise par des quintes de toux dont la violence peut entraîner une hernie ou des fractures de côtes. Ses complications peuvent être graves (pneumonie, convulsions, encéphalite...), voire mortelles chez les nourrissons car la maladie peut provoquer des arrêts respiratoires. Chaque année, 1 à 5 bébés meurent des suites de la coqueluche dans notre pays. Or la vaccination offre une protection très efficace!
Pourquoi se faire vacciner pendant la grossesse?
Grâce au vaccin, votre corps va produire suffisamment de défenses contre la maladie, pour vous et votre bébé, qui va les recevoir par le placenta. Il sera ainsi protégé depuis sa naissance jusqu'au moment où il pourra lui-même se faire vacciner. Pour cela, cette vaccination doit être répétée à chaque grossesse (dès la 24e  semaine et idéalement avant la 32e ). Elle peut se faire en même temps que celle contre la grippe.
Si vous ne pouvez pas vous faire vacciner, la vaccination de l'entourage familial (frères et sœurs, conjoint, grands-parents, baby-sitters…) est recommandée avant la naissance du bébé.

Y a-t-il des risques?
Cela fait plus d'un demi-siècle que l'on vaccine avec succès contre la coqueluche. Le vaccin combiné Diphtérie-Tétanos-Coqueluche actuellement utilisé dans notre pays est un vaccin inactivé. Il ne peut donc pas vous donner la maladie. Il est sans risque pour le développement de votre bébé et est tout à fait compatible avec un projet d'allaitement maternel.

Comme pour tout médicament, des effets indésirables peuvent survenir après la vaccination. Ils sont le plus souvent bénins et disparaissent vite. Les effets indésirables graves sont très rares. Le plus important (en moyenne, 1 fois sur 1 million de vaccinations) est une réaction allergique sévère à l'un des composants du vaccin. Les prestataires de soins qui vaccinent connaissent ce risque et savent comment y réagir. Une fois traité, ce "choc anaphylactique" ne laisse aucune séquelle.

En pratique
Le vaccin Diphtérie-Tétanos-Coqueluche est gratuit s'il est commandé par votre prestataire de soins dans le cadre du Programme de vaccination de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Attention, vous ne devez donc pas l'acheter en pharmacie. Plus d'infos sur : https://www.vaccination-info.be/.


3. Un mode de vie sain

Fumer et boire de l'alcool ne sont pas des habitudes saines. Encore moins si vous êtes enceinte ou souhaitez l'être ! Cela peut avoir un impact négatif non seulement sur votre fertilité et celle de votre partenaire, mais aussi sur la croissance et la santé de votre enfant (tant dans l'utérus qu'après la naissance). Son risque par ex. de développer certaines maladies chroniques sera plus élevé. Votre pharmacien(ne) peut vous aider, ou vous orienter vers un médecin, si vous ne parvenez pas à arrêter de fumer ou de boire de l'alcool.

Durant la grossesse, il est aussi important d'avoir une alimentation saine, équilibrée et variée, pour un apport suffisant en vitamines et minéraux. Vous éviterez certaines infections en ayant une bonne hygiène (des mains) et en évitant certains aliments (par ex. la viande crue et les œufs crus).

N'oubliez pas non plus de bouger suffisamment! Vous limiterez ainsi le risque de complications telles qu'une mauvaise circulation veineuse (ce qui fait gonfler les jambes) ou encore la pré-éclampsie (voir plus loin). Une activité physique modérément intense est recommandée 30 minutes par jour (se promener, faire du vélo, jardiner…). Bien sûr, votre pharmacien(ne) peut aussi vous donner des conseils personnalisés pour un mode de vie sain.

 
4. Prendre des médicaments

Oui, vous pouvez prendre des médicaments pendant votre grossesse. Mais pas tous! Et seulement sur avis médical! Si vous suivez déjà un traitement (chronique) par ex. pour l'asthme, l'hypertension, la dépression ou le diabète, il est recommandé d'évaluer votre médication avant une grossesse. Votre médecin mettra en balance les avantages de votre traitement et ses inconvénients, tant pour vous que votre bébé.

L'automédication durant la grossesse
Certaines femmes préfèrent éviter les médicaments et se tournent vers d'autres produits, comme les compléments alimentaires, les remèdes à base de plantes, les huiles essentielles... Ces produits sont soumis à une réglementation moins stricte, et leurs risques potentiels sont parfois sous-estimés. Votre pharmacien(ne) vous indiquera ceux pour lesquels on dispose d'une vaste expérience permettant d'affirmer qu'ils ne posent aucun risque accru de malformations congénitales ou d'autres effets néfastes pour le bébé.

… et durant l'allaitement?
Vous allaitez et hésitez à prendre un médicament? Ou vous souhaitez allaiter, mais craignez que votre traitement chronique ne vous en empêche? Vous avez raison d'être vigilante : la majorité des médicaments passent par le lait maternel. Les médicaments sans prescription et autres produits de santé ne sont pas non plus forcément sans danger pour votre bébé.

Pour le protéger, il est essentiel de consulter un professionnel de la santé compétent (un/ une sage-femme, médecin, pharmacien(ne) ou consultant(e) en lactation) avant d'utiliser tout produit de santé ou médicament. En fonction de votre situation particulière, il vous guidera vers le traitement le plus sûr, vous proposera des alternatives ou vous recommandera d'interrompre (temporairement ou définitivement) l'allaitement.

Bon à savoir

Lorsque la prise d'un médicament est indispensable pour votre santé et que celui-ci n'est pas incompatible avec l'allaitement, prenez-le immédiatement après avoir donné le sein.
En cas d'interruption temporaire de l'allaitement, il est important d'entretenir la lactation manuellement ou au moyen d'un tire-lait.

Certains médicaments réduisent la production de lait (par ex. les anti-inflammatoires). D'autres l'augmentent.

Conseils

Nausées, vomissements, reflux, constipation, hémorroïdes, varices, douleurs lombaires, acné… ne laissez pas ces "petits " maux gâcher votre grossesse! Votre pharmacien(ne) cherchera, avec vous, la meilleure option pour vous soulager!
Ne prenez pas de médicament de votre propre initiative lorsque vous allaitez. Dans la plupart des cas, vous pourrez continuer à allaiter, avec le traitement approprié, même au long cours. Mais demandez d'abord l'avis d'un professionnel de la santé compétent!

 
5. Signaux d'alerte

S'ils sont nombreux, les maux de la grossesse sont généralement peu préoccupants. En revanche, soyez attentive aux signes suivants. Consultez rapidement votre médecin en cas de:

  • Troubles anxieux modérés à sévères.
  • Après 20 semaines : maux de tête, vision floue, éclairs ou points lumineux devant les yeux, forte douleur dans le haut du ventre ou du dos, rétention d'eau soudaine.

Ce sont des symptômes potentiels d'une pré-éclampsie.

  • Démangeaisons (intenses) au niveau des mains et de la plante des pieds, sans lésions cutanées.
  • Mictions fréquentes et douloureuses.
  • Bébé très calme (il bouge moins que d'habitude).
  • Pertes de sang modérées à sévères.
  • Perte (considérable) de liquide.
  • Rupture prématurée de la poche des eaux.
  • Contractions prématurées.
  • Fièvre persistant plus de 24 heures. 

En cas d'inquiétude, n'hésitez jamais à consulter votre médecin traitant.​


Soyez attentive à la pré-éclampsie
Votre gynécologue est particulièrement vigilant en ce qui concerne la pré-éclampsie, aussi appelée toxémie gravidique. Ce syndrome peut se manifester à partir de la 20e semaine de grossesse et nuire à la santé de la mère et du bébé. La plupart des cas sont légers, mais une forme plus grave entraine des complications – des convulsions, comme pour l'épilepsie – qui peuvent être fatales pour la mère.

La pré-éclampsie est caractérisée par l'apparition d'hypertension et la présence de protéines dans les urines. Elle peut toucher plusieurs organes maternels et provoquer une insuffisance rénale, une atteinte hépatique, des complications neurologiques, et des dysfonctionnement sanguins. Pour le bébé, un retard de croissance est possible.

Quelle en est la cause?
De nombreux facteurs peuvent en être à l'origine. La cause principale semble venir du placenta, qui restreint le flux sanguin vers le bébé. Ce problème se développe au tout début de la grossesse, mais les symptômes n'apparaissent habituellement que dans les quelques dernières semaines.

Le dépistage précoce n'est pas possible pour le moment, c'est pourquoi il est si important de se rendre régulièrement aux consultations prénatales – en particulier si vous êtes à risque.

Vous avez: des maux de tête importants et persistants, une vision floue ou des éclairs/ points lumineux devant les yeux, une forte douleur juste en-dessous des côtes (surtout à droite), des vomissements (qui n'ont rien à voir avec les habituelles "nausées matinales")? Ces symptômes ne sont pas toujours le signe d'une pré-éclampsie, mais doivent vous alerter après 20 semaines de grossesse. Mieux vaut consulter rapidement votre médecin.

Les facteurs de risque:

  • Age (plus de 40 ans ou moins de 18 ans)
  • Ethnicité (risque accru chez les populations d'origine africaine et sud-américaine)
  • Grossesse multiple (jumeaux, triplés…)
  • Grossesse précédente remontant à 10 ans ou plus
  • Antécédents de pré-éclampsie
  • Antécédents familiaux


De plus, la probabilité de développer une pré[1]éclampsie augmente en cas de:

  • Obésité (IMC > 30)
  • Diabète de type 2
  • Antécédents d'hypertension
  • Problèmes rénaux


Quels sont les traitements?
La pré-éclampsie ne peut pas être prévenue. Durant la grossesse, vous êtes suivie de près et il se peut que vous receviez certains médicaments pour contrôler votre hypertension. L'état du bébé sera surveillé régulièrement pour vérifier tout ralentissement de sa croissance et d'autres signes de mauvaise santé. Certains bébés restent en bonne santé, même lorsque leur mère souffre de pré-éclampsie. Mais si votre bébé semble avoir un problème de santé, il se peut que votre médecin conseille de déclencher un accouchement précoce.

La pré-éclampsie ne guérit qu'après l'accouchement, lorsque le placenta (à l'origine du problème) est évacué. Cela peut prendre plusieurs jours, voire semaines ou mois avant que votre tension artérielle ne revienne à la normale. Si votre bébé est né prématurément, il aura peut-être besoin de soins spécifiques un certain temps. Le risque moyen de récidive est d'environ 1 sur 20.

Partagez vos préoccupations concernant votre grossesse avec votre pharmacien(ne). Ses informations sont fiables et il/elle vous orientera vers les soins dont vous et votre bébé avez besoin ! Il/Elle peut aussi vous recommander un tensiomètre approprié et vous aider à l'utiliser correctement pendant votre grossesse.

Pharmacienne Abachra

Source: APB